Quelques quaternains d'Omar AL KHAYYAM

21/03/2021

Tout le monde sait que je n'ai jamais murmuré la moindre prière.

Tout le monde sait aussi que je n'ai jamais essayé de dissimuler mes défauts.

J'ignore s'il existe une Justice et une Miséricorde...

Cependant, j'ai confiance, car j'ai toujours été sincère.

Que vaut-il mieux?

S'asseoir dans une taverne, puis faire son examen de conscience,

ou se prosterner dans une mosquée, l'âme close?

Je ne me préoccupe pas de savoir si nous avons un Maître et ce qu'il fera de moi, le cas échéant.

Considère avec indulgence les hommes qui s'enivrent.

Dis-toi que tu as d'autres défauts.

Si tu veux connaître la paix, la sérénité, penche-toi sur les déshérités de la vie, sur les humbles qui gémissent dans l'infortune, et tu te trouveras heureux.

Fais en sorte que ton prochain n'ait pas à souffrir de ta sagesse.

Domine-toi toujours.

Ne t'abandonne jamais à la colère.

Si tu veux t'acheminer vers la paix définitive, souris au Destin qui te frappe, et ne frappe personne.

Puisque tu ignores ce que te réserve demain, efforce-toi d'être heureux aujourd'hui.

Prends une urne de vin, va t'asseoir au clair de lune, et bois, en te disant que la lune te cherchera peut-être vainement, demain.

Le Coran, ce Livre suprême, les hommes le lisent quelquefois, mais, qui s'en délecte chaque jour?

Sur le bord de toutes les coupes pleines de vin est ciselée une secrète maxime de sagesse que nous sommes bien obligés de savourer.

Notre trésor? Le vin.

Notre palais? La taverne.

Nos compagnes fidèles? La soif et l'ivresse. Nous ignorons l'inquiétude, car nous savons que nos âmes, nos coeurs, nos coupes et nos robes maculées n'ont rien à craindre de la poussière, de l'eau et du feu

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