Heidegger et le "da-sein"

24/03/2021

Le philosophe Heidegger nous invite à palper la métaphysique par sa manifestation dans le monde visible qu'il nomme la phénoménologie.

Ainsi à travers les étants il est possible d'appréhender les êtres qui leurs sont immanents. À l'aide de la phénoménologie qui est une sorte d'épiphanie pour ne pas dire théophanie, il nous est permis à nous les humains d'avoir une idée sensible de ce qui est intelligible.

Le texte coranique explicite une telle idée. Il est dit dans un verset : " Nous allons leurs montrer nos verset (Ayatina) dans le monde sensible et en eux-mêmes jusqu'à ce leurs apparaisse la Vérité ".

Au vu de ce verset qui rejoint la pensée de Parménide à travers Heidegger, il semble opportun d'user de la rationalité des lois de la Nature inhérente au cosmos afin de spéculer tels les philosophes pré-socratiques de la Nature sur l'essence divine immanente à toute chose avec la possibilité d'appréhender l'Esprit Suprême qu'Anaxagore nommait le "Noùs".

Ce verset nous invite aussi à méditer sur nous même en usant d'une introspection adéquate pour caresser l'être qui sommeille en nous, introspection qui fait appel cette fois-ci à une démarche purement intuitive et irrationnelle telle celle dont a usé avant nous le philosophe Schaupenhaer. Ce n'est que par la conjonction de ces deux démarches rationnelle et irrationnelle que la Vérité finira enfin par nous être dévoilée en mettant en lien direct avec ses mystères.

Ainsi, il est du devoir de chacun de nous d'arpenter la voie du dévoilement ici et maintenant et non à repousser son échéance au calandre grec. Ici et maintenant, c'est celà que le philosophe Heidegger appelle le "da-sein ", "l'être la" car comme le précise l'étymologie même du mot "être ", c'est "ce qui a été", "ce qui est" et "ce qui adviendra".

À défaut de ne pas avoir réussi à nous révéler notre être dans le passé, il nous est toujours permis de nous le révéler à nous même au présent. C'est en cela que constite l'expression: "l'être- la ".

En d'autres mots, l'éthique n'est pas à réaliser dans le futur à défaut de l'avoir réalisé dans le passé ni à envisager dans l'au-delà mais il devient urgent de la concrétiser en acte ici et maintenant.

À quoi servirait toutes ces gestuelles de prières quotidiennes, cette observation du mois de Ramadan, ce voyage à la Mecque, cet impôt sur les biens et cette profession de foi si elles ne sont pas concrétisées sur le terrain de la réalité par une éthique en acte à moins qu'elles ne soient in fine destinées à répondre à un cahier de charges relevant du mercantilisme et à un prosélytisme dont la finalité est de tromper l'autre comme le faisaient les Sophistes de l'antiquité.

Notre société a besoin d'hommes et de femmes qui répondent à l'esprit de la philosophie de Parménide et de Heidegger, une philosophie qui prône que " l'être est et le non-être n'est pas "

A nous de descendre au fond de nous mêmes , au fond du puits comme le disait Démocrite pour apprender la Vérité que traduirait cet être voilé et enfoui sous les ruines de notre non--être.

A nous de nous définir enfin. Sommes nous des êtres et auquel cas nous pouvons prétendre être une copie de l'Etre Suprême dont nous serions vraiment l'image?

Ou bien sommes nous au contraire juste des non-êtres à l'image de notre comportement quotidien dans la cité et auquel cas cessons de bomber nos torses et admettons notre condition d'hommes inférieurs que des sous-êtres que Parménide qualifiait de néant.

Cessons donc de considérer uniquement nos carcasses, nos corps, nos cages qui ne symbolisent uniquement que les étants que nous sommes en ce moment et mettons nous enfin sur la voie de la recherche de notre être qui nous fonde en tant qu'hommes et femmes d'honneur, un être qui ne demande qu'à être révélé par nous-même et pour nous-même pour créer ce lien, cette "Silat" avec l'Etre Matrice des êtres que nous sommes.

Mohammed EL KHOUROUJ