Jabran Khalil Jabran

Voici un texte de Jabran Khalil Jabran qui me rappelle un peu mon enfance loin d'un certain confort matériel et que je trouve dans la ligne droite de la cosmologie du philosophe Pythagore évoquant la musique céleste comme langage et dialogue entre les neuf sphères qui représentent notre cosmos mot qui signifie l'ordre divin. Ce texte chanté par la divine Fayrouz nous indique les fondamentaux que chacun de nous peut suivre afin d'atteindre la sérénité et de retrouver l'idée d'une harmonie qui nous fait défaut transcendant de fait le règne de la quantité dont parle excellemment bien René Guénon, règne dont lequel est embourbée actuellement une grande partie de l'humanité. Ce texte fait l'apologie de la musique dont Jabran fait son principe premier, un principe qui se trouve comme à la fois comme source de la génération de l'univers et qui subsiste après la corruption de toute chose. La musique est à Jabran Khalil Jabran ce que l'eau est à Thalès, l'Apeiron à Anaximandre, l'air à Anaximene ou le feu à Héraclite, une sorte de divinité. On peut dire sans avoir froid aux yeux que ces penseurs que je viens de citer sont d'authentiques Gnostiques dont la mesure où ils ont spéculé sur le concept de la Vérité en proposant des hypothèses sur l'origine du monde.
Il est temps que je vous livre ce texte qui mérite une réelle méditation :
Donne-moi la flûte et chante,
L'immortalité s'étend dans le chant
et même après la mort
la flûte continue de se lamenter
T'es-tu réfugié dans les bois
loin des lieux, comme moi,
en suivant le cours des ruisseaux
et en gravissant les rochers
T'es-tu déjà lavé dans un parfum
et séché dans la lumière
Bu l'aurore comme un vin
rare dans des coupes célestes
Alors donne-moi la flûte et chante
la meilleure des prières est le chant
et même lorsque la vie périt
la flûte continue de se lamenter
As-tu déjà passé une soirée
comme je l'ai fait, parmi les vignes
où pendent des candélabres
de grappes dorées
As-tu dormi toute une nuit dans l'herbe
l'espace en guise de couverture
s'excluant de tout avenir
ne se souvenant plus du passé.
Donne-moi la flûte et chante
chanter est la justice du coeur
et même lorsque la culpabilité est morte
la flûte continue de se lamenter
Donne-moi la flûte et chante
oublie la maladie et ses remèdes
l'homme n'est rien que des lignes
qu'on griffonne sur l'eau
Khalil Gibran