La vertu de la philosophie

24/03/2021

Nous savons que la philosophie est l'Amour de la Sagesse. Dans cette définition, deux mots retiennent mon attention à savoir l'Amour et la Sagesse.

Dans le thème précédent, j'ai développé la vision Socratique de l'Amour comme moteur d'ascension intellectuelle et morale pour ne pas dire spirituelle. C'est grâce à l'Amour, l'Eros qu'il soit terrestre ou Céleste, qu'il soit charnel ou ayant attrait uniquement à l'âme que l'homme est susceptible de s'élever du monde de l'opinion vers le monde des Idées nous disent toujours Socrate et son disciple Platon.

Quand à la philosophie, en dehors de la maieutique qu'elle entreprend, elle oriente l'homme à des préoccupations très nobles telles que la pratique de la justice, le cheminement sur la voie de la vertu et la recherche de la Vérité.

Comme vous l'auriez remarqué, j'ai parlé de ces valeurs en singulier et non au pluriel car ce qui définit une civilisation c'est justement son adhésion à des projets et à des valeurs communes.

Si chaque citoyen a sa définition de la justice, de la Vertu et de la Vérité, alors ce serait la voie ouverte au nihilisme.

Ainsi chercher la Vérité, la justice et la Vertu c'est concourir en quelques sortes à créer une sorte de convergence et de cohésion sociale. C'est par un tel procédé qu'il devient possible de tisser des liens entre individus qui en apparence tout sépare.

Mais que se passe-t-il lorsqu'on prive une société de pratiquer la vertu ? Un philosophe de l'antiquité grecque nous éclaire à ce sujet.

Pausanias, un compagnon de Socrate nous raconte l'histoire de ces tyrans barbares qui occupaient l'Ionie, la partie nord de la Grèce.

Il nous dit à leurs propos qu'ils interdisaient la pratique de la philosophie pour justement assujettir l'homme à leurs dictats et l'empêcher de se poser toutes questions susceptibles de l'élever sur le plan intellectuel et moral. Supprimer ainsi la philosophie, c'est supprimer la maieutique, c'est supprimer toute action et toute réaction et tout dialogue véritable qui a la vertu d'accoucher de la Vérité. En quelques sortes, interdire toute pratique de la philosophie, c'est interdire à tout un chacun d'accéder à la Sagesse qui a cette vertu de nous permettre à présider à la construction de nôtre propre temple intérieur et de nous éviter de rester en déshérence totale où seuls des Temples érigés pour nous par des sophistes nous tendent les bras telle la caverne de Platon afin de nous réduire à subjuguer uniquement le reflet de la Vérité.

N'oublions pas que c'est grâce à la philosophie et à l'amour de la Sagesse que Socrate a acquis ce Courage nécessaire pour affronter le dictat d'une cité qui voulait l'acculer à subir l'arbitraire de ses lois galactiques.

C'est ainsi que Socrate a préféré boire de la Cigue et mourir enfin en philosophe pour redorer le blason d'un homme qui s'est égaré de son propre être et que Diogène de Cinope cherchait éperdument à longueur de journée.

Mépriser donc la philosophie, c'est mépriser en réalité les vrais liens sociaux, ceux qui sont susceptibles de créer une réelle civilisation, ceux qui sont potentiellement créateurs de véritables convergences, ceux qui mettent toute société à l'abri d'un nihilisme source de discorde et de désordre de tout genre.

Mépriser la philosophie, c'est faire l'apologie de la peur creactrice de la soumission et de l'absence de courage.

M.E.K