Le concept de la vie et de la mort

24/03/2021

Aujourd'hui, ces deux concepts me taraudent l'esprit tellement la frontière entre eux est à peine perceptible. La vie et la mort sont devenues de nos jours deux notions floues que seuls les être doués de discernement sont capables de saisir les tenants et aboutissants.

Peut-on alors considérer que nous sommes vivants lorsque nous n'avons même pas accès à notre liberté principielle, à notre dignité originelle, celle dont parle le texte coranique (وكرمنا بني آدم: Nous avons accordé la dignité aux fils d'Adam), à notre libre arbitre, à l'instruction alors que le premier verset coranique descendu commence par l'injonction "Lis", etc car la liste reste longue ?

Peut-on considérer que nous sommes morts alors que nous continuons encore à respirer et à subir les arbitraires d'une vie injuste ?

Le verset coranique suivant ne peut il pas justement traduire cette frontière imperceptible à l'oeil nu entre la vie et la mort?

Un tel verset qui annonce :" Nous avons fait pénétrer la nuit dans le jour et le jour dans la nuit. Nous avons fait sortir le vivant du mort et le mort du vivant..."

Ainsi la vie et la mort n'existent pas indépendamment l'un de l'autre. Ils restent intimement liés l'un à l'autre par un monde intermédiaire celui-là même qu'Henry Corbin appelait le "Mundus Imaginalis", monde median qui assure la continuité entre ces deux concepts en apparence disjoints.

Le corollaire de tout cela est qu'il existe trois catégories parmi les humains:

1- Les vivants qui eux jouissent de toutes les prérogatives qu'offre une vraie vie à savoir l'accessibilité à leurs propres êtres au sens Parménidien du terme.

2- Les morts dont la caractéristique est qu'ils n'ont plus d'emprise sur leur vie future.

3- Les morts-vivants qui habitent ce man's land, ce monde intermédiaire dans lequel ils ne sont considérés ni comme des vrais vivants ni comme des vrais morts.

Malheureusement, c'est cette troisième catégorie qui constitue les quatre-vingt pour cent de l'humanité que représente la courbe de Gauss. Une telle catégorie oscille tel un pendule dans un monde binaire, un monde difficile à franchir tellement ses murailles sembles être épaisses et hautes.

Sortir le vivant du mort reste alors la quête à suivre pour que l'homme mort- vivant puisse assumer enfin son devoir, celui d'atteindre la Lumière que caractérise son Archétype.