Le médecin et le philosophe selon Platon

24/03/2021

En tant que citoyen marocain je ne peux m'empêcher de réfléchir sur la situation de la médecine dans mon pays. Ainsi, en toute humilité et en toute objectivité j'essaie d'apporter comme on dit ma pierre à l'édifice.

Sans expliciter le constat que je fais sur notre système de santé, ni même énumérer ses dérives et afin d'échapper à la doxa, j'ai préféré prendre de la hauteur et aller spéculer aux côtés du philosophe du monde des idées à savoir Platon, ce grand initié qui a su unir le corps et l'âme, le vulgaire et le subtil en réalisant ce qu le philosophe Héraclite appelle la conjonction des opposés.

Déjà à son époque, Platon avait compris que la médecine était une discipline complexe qui souffrait en quelques sortes des défauts de l'empirisme.

En cela, elle n'a pas l'exactitude des mathématiques que lui confère le nombre que l'on retrouve derrière l'analyse et la géométrie.

La pandémie du Coronavirus vient confirmer cette vision platonicienne de la médecine et explique l'incapacité des épidémiologistes d'aujourd'hui à proposer un modèle fiable susceptible de résoudre rapidement le problème que soulève l'arrivée de ce virus.

Seule une étude statistique est susceptible un jour de nous renseigner et de manière approximative sur d'éventuels attitudes à avoir face à une telle pandémie.

Ce qui est intéressant à mon sens est de relever à l'époque de Platon l'existence d'une médecine à deux vitesses, celle des hommes libres et celle des esclaves.

Ainsi le médecin des hommes libres est celui qui s'adresse aux malades qui ont la faculté de comprendre l'acte médical à savoir les citoyens cultivés et fortunés alors que le médecin d'esclave n'était qu'une sorte d'infirmier dont l'acte médical n'était que le fruit du tâtonnement.

Dans l'antiquité, le vrai médecin bénéficiait d'un grand statut dans la cité. Homère disait à son propos :" le médecin vaut un grand nombre d'hommes ". (Le Banquet ).

Quant au Phèdre, il qualifie le médecin d'homme qui occupait le 4 ème rang de la réincarnation après le philosophe, le bon roi et le politique.

Autant jadis le médecin était considéré comme un faiseur de bien autant il était considéré aussi considéré comme la personne susceptible de faire le plus de mal dans la cité en surfacturant ses honoraires, en imposant de multiples dépenses et en faisant périr ses malades.

Pour éviter de telles dérives des médecins, Platon avait proposé que les médecins comme les magistrats devraient rendre compte de leurs activités devant un tribunal.

Ainsi, le vrai médecin était celui qui faisait preuve d'une certaine éthique et qui faisait passer l'intérêt du malade avant tout autre intérêt personnel. Il est celui qui prescrit les médicaments pour soigner le corps à l'image du philosophe qui produit un discours qui apaise l'âme. Du coup, le vrai médecin qui pratiquait une telle éthique finissait par avoir ses vertus qui caractérisait le philosophe et accèdait in fine au statut des divinités grecques.

Pour le philosophe Platon, le médecin qui n'est pas soumis au Bien, aux lois divines qui se traduisent par l'éthique et par la morale devient par conséquent un tyran, un homme infidèle à son essence, un dépravé. Bref il devient comme le dit Parménide un simple étant vidé de son être.

En guise de conclusion, je voudrais lancé un appel à tous ces médecins marocains qui ont perdu la mémoire et qui oublié le serment d'Hippocrate qui leurs a permis d'accéder au rang de médecins.

En faisant la négation de ce serment, ils ne font que la négation de leurs qualités de médecins. C'est uniquement le respect de ce serment qui leurs garanti la pratique de ce métier noble et non leurs diplômes ou leurs fichus blouses blanches car même les vendeurs du lait battu sont habillés pareils.

Par ce modeste texte je les invite donc à prendre possession d'eux-mêmes comme le dit le dit si bien philosophe Bergson en prenant de la hauteur par la méditation sur des pensées comme celles de Platon et de son ami médecin Eryximaque qui fait de l'Amour l'acte fondateur de l'Harmonie et de l'Universel.

Pour Eryximaque, soigner un organe malade revient tout simplement à rétablir en lui un amour qui lui a fait défaut et lui permettre ainsi de retrouver la santé qui n'est in fine que l'expression d'une certaine harmonie du corps et de l'esprit.

Ainsi et à l'instar du musicien qui est animé par l'Amour et qui cherche l'Harmonie entre les notes graves et aigues, le médecin à sa manière doit oeuvrer à rétablir l'Amour dans un corps malade.

Pour ces philosophes de l'antiquité, même les épidémies proviennent aussi d'un dérèglement dans les mouvements amoureux qui relient les éléments entre eux.

Et si le Coronavirus n'est finalement que l'expression de la haine qui règne aujourd'hui parmi les hommes ?

M.E.K

V.L.R.E.L.M