Le voyage vers la conscience

24/03/2021
Je trouve que le mot "conscience" est un mot galvaudé de nos jours. 

Partout on nous dit qu'il faut prendre conscience de ceci ou de cela sauf qu'on nous nous donne pas toujours les bons outils pour y arriver. Aujourd'hui, presque tout le monde passe par l'école. Certes on y apprend beaucoup de choses, des savoirs, des savoirs faire sans oublier le volet éducatif. Dans une telle institution, on nous apprend le langage discursif, le raisonnement deductif mais est ce vraiment suffisant pour que nous accédions forcément à notre propre conscience ?De plus en plus et avec le "progrès " et la modernité, nous rejoignons la cité et du coup nous devenons d'une certaine manière enclavés par la force des choses. Nous passons la plupart de notre temps dans des pavés que ce soit à la maison, à l'école, dans le travail, dans les hôpitaux et même dans les transports. Du coup nous sommes de plus coupés de la Nature et du coup nous avons tous perdu le sens de la mesure. Tout nous paraît simple, normal. Tout nous est dû. Nous avons fini par intégrer le modèle linéaire du progrès. Nous attendons toujours d'avoir plus que la veille et du coup nous sommes devenus esclaves du règne de la quantité dont parle si bien René Guénon. Devenus des soumis au consumérisme, nous sommes devenus incapables de distinguer entre l'utile et le futile. Nos expériences deviennent en réalité de plus en plus rares tellement nous nous sommes acclimatés à faire les mêmes gestes quotidiens.Le résultat de notre suffisance a eu comme conséquence un réel déficit dans nos vies respectives en termes d'expériences à grandeurs natures.Pour étayer mes propos, j'aimerais partager avec vous cette expérience que je suis entrain de vivre actuellement lors d'un circuit effectué dans le sud marocain. De Ouarzazate à Tafraout en passant par Zagora, Tata et Tafraout, j'ai pu voir des paysages magnifiques et discontinus. Tantôt, c'est le règne du minéral qui prend le dessus tantôt c'est celui du végétal et de l'animal.Qu'est-ce qui ce fait la différence à votre avis si ce n'est l'élément eau, élément que le philosophe Thalès a érigé comme principe premier à l'instar de la civilisation babylonienne qui l'avait précédé. Un verset coranique fait d'ailleurs l'éloge de cet élément en disant :" Nous avons fait de l'eau toutes choses vivantes ".En l'absence de l'eau, la Nature excelle dans le règne minéral et en sa présence, elle excelle dans le règne végétal et animal faisant ainsi surgir des oisis de nulle part. Oui, mes propos se focalisent justement sur cet élément qui devient de plus en plus rare, Eau que ces jeunes filles, que ces femmes vont chercher très loin pour permettre à la vie de suivre son cours. L'eau tel un fardeau qui courbe l'échine de tous ceux qui le transportent allant même jusqu'à les condamner à payer la facture tôt ou tard. Je pense sincèrement que c'est bien par le voyage que commence l'expérience qui mène à la prise de conscience de l'importance des choses et que le discernement s'opère in fine entre l'utile du futile. Dans nos cités nous avons occulté cette dimension de discerner entre les choses. Il nous suffit à tous d'ouvrir le robinet pour boire, se faire propre et gaspiller aussi ce trésor en lavant les voitures, en arrosant du gazon pour créer un paysage qui est tout sauf naturel. En faisant cela, nous faisons en réalité le chemin inverse de la conscience qui est celui de la preuve de notre inconscience. Pendant que la compagne marocaine et certaines villes s'assèchent de jour en jour, nous continuons à prouver notre démesure en semant du gazon qui boit une eau qui met en péril des hommes et des femmes dont personne ne se soucie.